Intrusion
P. m'a demandé la permission de passer ce soir relever ses mails (il n'a pas encore de connexion internet chez lui). Pas de problème, à priori...
Est-ce parce qu'il m'a appelée deux fois, pensant que j'avais effacé je ne sais quoi sur l'ordinateur ? Parce qu'il est arrivé à l'heure du coucher des enfants, et du coup, l'a retardé ? Parce qu'il ne savait pas ce que prennent ses fils pour le petit-déjeûner ? Parce qu'il m'a annoncé que je ne pouvais plus compter sur lui tel soir de la semaine prochaine où il devait s'occuper d'eux ?
Quoiqu'il en soit, le sentiment que sa visite m'a laissé après son départ, s'il ne me fait pas honneur, n'en est pas moins le suivant : je me suis sentie mal à l'aise, dérangée, dépouillée de mon intimité, "chosifiée" en quelque sorte...
Comment expliquer cela ? Je m'interroge beaucoup...
Ce soir, il était l'Intrus.
Pourtant, au moment de son départ, il m'a prise dans ses bras, et m'a serrée longtemps, longtemps, ... Puis il a ouvert la porte-fenêtre, et s'est engouffré dans la nuit comme on plonge dans un bain glacé, résigné, comme pressé d'en finir, longue silhouette noire à peine éclairée par la lune... et un réverbère borgne,...
Et là, il m'a émue.