"Candide au pays du désir"
Je voudrais développer ici le (pourtant déjà long) commentaire que j'ai laissé chez Idéaliste hier, après sa jolie note, émouvante de sincérité, intitulée "Candide au pays du désir"...
Il ne me semble pas incongru d'ignorer ce qu'on ne nous a jamais appris. De la même façon qu'on ne nous apprend pas à parler de nos émotions, de nos ressentis, de nos besoins fondamentaux, (ce qui fait de nous, dans le couple et ailleurs, des handicapés chroniques de la communication ! Et c'est sans compter les arcanes de notre inconscient quand il s'emmêle... bref, ), on nous apprend encore moins à exprimer nos désirs.
Ne nous conditionne-t-on pas longtemps au contraire à faire ce qu'on nous demande et à nous taire ? Ne nous persuade-t-on pas que les choses du corps, du sexe et du désir, sont "sales" ? Alors à fortiori les mots qui les décrivent... Faire ces "choses", passe encore, puisqu'il faut s'y soumettre de temps à autre dans l'obscurité d'une alcôve, mais en parler au grand jour... pour beaucoup, quelle horreur ! Et comment pourrait-il en être autrement ? On nous apprend à parler de tout, sauf de nous... C'est mal vu de parler de soi, ça fait égoïste, égocentrique, nombriliste...
J'ai découvert il y a peu, tout comme Idéaliste, toute la force du désir, à travers ces mots-dits (si longtemps maudits, on le notera au passage !), tout leur pouvoir d'évocation, d'excitation, de jubilation, ...tout leur pouvoir libérateur en somme ! Et si j'estime n'avoir pas eu suffisamment le temps d'en profiter dans l'intimité de mon couple, je sais que ce pouvoir est là, que je peux le reprendre, dans un accord à corps tacite ou explicite, et je ne m'en priverai plus.
Nous avons toutes, je crois, en participant à notre petit "jeu de piste" cette semaine, nous avons toutes, ou presque, posté nos textes en rougissant un peu, intimidées de nous dévoiler ainsi aux regards et de se savoir peut-être jugées, et pas seulement sur le style. Je pense pouvoir dire aujourd'hui que toutes, sans exception, y compris celles pour qui c'était une vraie première (la grande majorité d'entre nous !), nous y avons trouvé non seulement du plaisir, mais un vrai bonheur dans le partage, à travers le lien de cette complicité.
J'ai pourtant attendu le coeur battant la réponse de Ségolène, en me
disant que j'étais folle de lui avoir envoyé mon texte, effarée soudain
par mon audace. Et au lieu de ça, dans un message bouillonnant
d'enthousiasme et de drôlerie, elle m'a répondu "banco" ! Elle m'a
fait le cadeau de répondre "oui" à mon désir de partage,
de
complicité féminine en l'occurence. Et toute la suite de ce mini-défi
s'est déroulée, me semble-t-il, sur le même mode, entre audace et
timidité, peur mêlée d'excitation...
et chaque fois que je propose, j'accepte que l'autre dispose, je peux
entendre et respecter son refus, sans amertume et sans jugement...
(mais le mieux est encore que mes petites camarades de jeu viennent en
parler elles-mêmes... je les y invite cordialement !)
Oui, il y a pour moi un vrai bonheur, une vraie jouissance, un vrai pouvoir libérateur dans la parole, dite ou écrite, et je suis heureuse de pouvoir assumer enfin, au grand jour, un plaisir que je me suis si longtemps refusé.
Et s'il faut d'autres arguments pour vous en convaincre, allez donc faire un tour chez Gourmande, c'est elle qui en parle le mieux...