Trois mois...
Mi-février/mi-mai... trois mois de séparation... Seulement.... Déjà...
Pas de quoi faire LE bilan, mais suffisant pour en faire un premier, et tirer deux ou trois conclusions ou enseignements de cette situation transitoire :
- Je vis finalement mieux la séparation en elle-même que je n'ai vécu la prise de décision de la séparation ; il me semble que le plus difficile pour moi a été de devoir accepter d'être impuissante à rendre P. heureux, et par voie de conséquence, accepter l'idée de la séparation ;
- Financièrement : P. reste certes présent, mais le bouche-à-oreille fait
son oeuvre doucement et m'apporte de nouveaux élèves sans que je les
cherche vraiment... ça, les concerts, et l'aide posthume et indirecte (via mes parents)
de mes grands-parents me fournissent finalement de quoi assurer le minimum
vital au quotidien.
Etonnant comment des morts peuvent continuer à
aider des vivants... (Je pense souvent à vous... où que vous soyiez, je
ne doute plus que vous gardiez un oeil sur moi ! Merci...)
- J'ai pu retrouver assez rapidement mes marques, mettre en place de nouveaux modes de fonctionnement avec les enfants : j'attends d'eux un petit peu plus d'aide et d'autonomie pour certaines choses, et ils coopèrent ma foi sans trop rechigner jusqu'à présent ;
- Ils découvrent un papa totalement disponible pour eux quand il les a : plus question de passer ces week-ends-là à travailler sur son portable. Pour le moments, les enfants pointent surtout les avantages de la situation : "on va plus souvent au cinéma... au bowling... à la mer..." Ils me quittent sans arrières-pensées (sans peur de "m'abandonner") et reviennent visiblement heureux du temps passé avec leur père, contents de me raconter ce qu'ils ont fait ensemble.
- J'apprécie de retrouver P. en dehors des routines du quotidien : deux fois moins de lessives depuis qu'il est parti, plus de chemises à repasser, plus de deuxième service pour le dîner, plus de soirée télé-pour-moi-travail-pour-lui... "c'est peut-être un détail pour vous, mais... " ! On a retrouvé le plaisir... de se retrouver, de discuter, d'échanger à nouveau... Comme si cette séparation nous avait rapprochés... paradoxe supplémentaire...
- Nous sommes restés pleinement "parents", mais nous sommes redevenus "amants"... le temps de deux soirées seulement. Mais c'était bien...
- Pourtant je m'autorise à présent l'idée de pouvoir faire de
nouvelles rencontres amoureuses. Je ne provoquerai rien pour le moment,
j'ai décidé de laisser venir ;
- Finalement, j'aurai vécu ces 3 mois de séparation comme une libération,
après des
années de tensions, de (non-)conflits plus ou moins larvés... Je ne me
rendais même plus compte à quel point j'étais prisonnière d'un système
que j'avais largement participé à mettre en place... en mettant P. sur
le piédestal de la toute puissance, je m'étais mise moi en position de
soumission... parce que je n'étais pas "productive", j'avais intégré
le fait que ce que je faisais ne méritait donc aucune espèce de
reconnaissance... Or à présent, P. paie quelqu'un pour entretenir son linge et son appartement...
Je crois qu'aujourd'hui, je ne laisserais plus personne me demander "ce que (je) fais d' important". Parce que ma "valeur" ne tient pas tant à ce que je fais qu'à ce que je suis ; que je travaille à être meilleure, avec moi et avec les autres, un peu chaque jour ; et que je ne désespère pas d'y parvenir un jour.