Fidèle, Infidèle... à qui ?
... à quoi ?
En relisant la dernière note de Diane, je me rends compte que ces deux mots ont pris un sens nouveau pour moi.
En me mariant, en faisant ce pari sur mon avenir avec P., "pour le meilleur et pour le pire, jusqu'à ce que la mort [nous] sépare", je me suis automatiquement - et j'allais dire, inconsciemment - fermée à toute "tentation" extérieure. Comme Diane, j'ai passé près de vingt ans de ma vie à ne faire l'amour qu'avec un seul homme, celui que j'avais choisi, celui auprès duquel je m'étais engagée, mais sans l'ombre d'un désir pour un autre homme. Bien sûr, j'en ai croisé de drôles et/ou séduisants, mais je ne me suis jamais imaginée dans une situation d'intimité dévoilée avec eux. Il n'y a que très récemment, au cours d'une soirée après un concert, que je me suis laissée troubler par un homme, ... que je ne reverrai sans doute jamais ! Comme ce fut agréable... et frustrant !
Au sens judéo-chrétien du terme, oui, je suis restée fidèle à l'engagement "d'exclusivité sexuelle" (car c'est bien de cela dont il s'agit) que j'avais contracté auprès de P. le jour de notre mariage, sans qu'il m'en coûtât, puisque je n'ai plus jamais considéré les autres hommes comme des partenaires sexuels potentiels...
En revanche, continuer à vivre avec P. alors que ses sentiments à mon égard étaient devenus si confus, eût été, me semble-t-il, une façon de me trahir moi-même, en renonçant à ce besoin de sécurité affective que je lui demandais de me donner, et qu'il ne pouvait plus m'apporter. C'eût été aussi une façon de lui demander, à lui, de trahir ses aspirations profondes, son envie d'autre chose, son besoin d'ailleurs, de renouveau,...
Il est clair pour moi que si les sentiments de P., après son "aventure", avaient retrouvé, au sein de notre relation, leurs couleurs initiales, nous n'en serions pas arrivés à cette séparation. J'ai toujours considéré cette "infidélité" comme le symptôme, et non la cause, de nos dysfonctionnements et de cette crise ultime.
Fidèle, oui, mais à soi-même... Voilà qui me semble beaucoup plus important aujourd'hui qu'une fidélité sexuelle de convention, de soumission aux exigences des règles de la société ou de la bienséance...
Alors partir, revenir, rester, se séparer,... qu'importe le choix qu'on fait, pourvu qu'il nous mette au diapason de ce que nous sommes vraiment...